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Au premier plan, Achille attire immédiatement le regard du spectateur : il se tient droit sur son char, emporté par deux superbes chevaux noirs à la robe luisante. Il tient de sa main gauche sa lance et son bouclier. Armure, bouclier, cimier du casque et manteau, tout est rouge autour d'Achille, ce qui lui donne l'allure dynamique et violente d'un chef militaire triomphant.
 
Il brandit de sa main droite un casque au cimier blanc, probablement celui d'Hector, que l'on aperçoit ensuite, traîné dans la poussière, misérable, les pieds attachés à l'arrière du char. L'artiste a respecté à la lettre ce que dit Homère dans l'Illiade :
 
« Il lui transperce les deux tendons des pieds, depuis la plante jusqu'à la cheville, et l'attache à son char avec des courroies de cuir de bœuf, en laissant traîner la tête. Puis, montant sur le char et élevant en l'air les armes glorieuses du vaincu, il fouette pour pousser les chevaux, qui tous deux volent de bon cœur. Un nuage s'élève derrière le corps traîné dans la poussière ». (Homère, Iliade, XX, 396-402). On peut supposer que la fidélité de cette représentation tient au fait que l'impératrice Sissi, qui lisait le grec, a dû demander à l'artiste viennois, Franz Matsch, le respect absolu du texte homérique.
 
Le contraste est très frappant entre Achille et Hector : les émotions sont bien rendues, en particulier le sentiment de triomphe et la haine qu'Achille doit ressentir envers son ennemi, pour le traiter ainsi ; au contraire, le corps d'Hector, misérable, est de la même couleur que le sol ; on ne l'aperçoit presque pas, c'est comme s'il n'existait plus. Cela montre bien le mépris et l'outrage que lui inflige Achille.
 
A l'arrière, le cocher d'Achille en tunique blanche, accroupi derrière lui, et deux chars tirés par des chevaux blancs créent au centre de la composition une tache claire qui contraste avec le rouge d'Achille et le noir de son attelage. Derrière le char, l'armée grecque court dans la même direction qu'Achille. Tous semblent déchaînés, dans un désordre causé par l'enthousiasme spontané de la victoire ; les hommes hurlent, bras tendus, et célèbrent leur victoire derrière leur chef. Achille est ici représenté en commandant qui mène l'armée grecque au combat et sait l'entraîner par ses prouesses personnelles.
 
Un tel tableau relève de ce qu'on a appelé l'art « pompier », car les casques luisants des personnages faisaient penser à ceux des pompiers, mais aussi parce que cet art était considéré comme « pompeux ». En effet, l'illusion de l'exactitude historique tenait à une profusion de détails, à l'accumulation de couleurs vives, et à un faux idéal classique. Ici, la technique du peintre est très réaliste, la reconstitution se veut archéologique, y compris dans la représentation de la ville de Troie, à l'arrière-plan, manifestement inspirée par les fouilles d'Henrich Schliemann, auxquelles Sissi s'était beaucoup intéressée. Par ses dimensions imposantes autant que par le choix de son sujet et son traitement esthétique, l'ensemble est donc, au sens propre, spectaculaire.
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Dernière mise à jour :
Mercredi 29 juin 2022
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